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8 mars 2008

Ainsi soit-elle

Du coup, ça m’a donné envie de lire un livre de Benoîte GROULT, et j’ai choisi " Ainsi soit-elle ". Un livre profondément féminin, et pas de cette féminité de pacotille, préfabriquée par les hommes et pour les hommes. Un livre hallucinant, dont certains passages sont difficilement soutenables, un livre que toutes les femmes devraient lire, et tous les hommes, s’ils l’osent.

Extraits :

" Vous saviez, vous, qu’au Yemen, en Arabie Séoudite, en Ethiopie, au Soudan, on excisait encore les petites filles ? " (…) Qu’elle (l’excision) est fréquente en Guinée, en Irak, en Jordanie, en Syrie, en Côte d’Ivoire, chez les Dogon du Niger et obligatoire dans de nombreuses tribus africaines ? "

" Pour les maniaques de la possession, ce n’était encore pas suffisant. " Une des plus crapuleuses bassesses engendrées par l’esprit humain ", l’excision, peut se doubler d’une assurance complémentaire : l’infibulation. Avant son mariage, une femme n’a nul besoin de son vagin. Il est donc logique de le lui obturer par une " opération pas bien méchante ", c’est un journaliste du Caire qui nous l’affirme, un homme, bien sûr. "

" A Djibouti, où toutes les filles sont cousues, voici comment Alain de Benoist décrit le bouclage d’une adolescente : " Le clitoris ayant été préalablement arraché, on pratique une résection des parois des grandes lèvre de manière à réduire les dimensions de la vulve à la moitié de l’orifice vaginal. On rapproche ensuite les parois mises à vif en maintenant les plaies en contact par une résine ou, en brousse, en transperçant les lèvres avec des épines d’acacia. En arrière, on laisse un minuscule orifice pour le passage de l’urine et du sang, que l’on maintient béant pendant la cicatrisation par une tige de bambou. L’opérée devra restée ligotée des hanches aux genoux pendant quinze jours ."

Il restera, le soir des noces, à couper la bande de garantie en présence du mari. La jeune épouse, qui n’a en général que douze à quinze ans, est rouverte au rasoir avant le passage de l’époux auquel il est recommandé d’user de ses droits plusieurs fois par jour les premiers temps afin d’éviter une fermeture intempestive de la plaie (…). La femme d’ailleurs n’est pas quitte : l’opération peut être renouvelée à la demande de l’époux après une naissance ou lors d’un long voyage. "

" Ecoutez l’écrivain malien Yambo Ouloguerm, licencié en philosophie, nous décrire le ravissement des filles de son pays, le soir des noces : " Nombres d’hommes se trouvèrent heureux d’avoir à conquérir à l’occasion du mariage un plaisir nouveau, sadique, quand ils défloraient, sexe picoté d’épines, flancs éclaboussés de sang, leur maîtresse, elle-même ravie et morte plus qu’à moitié de plaisir et de peur. "

Position officielle en Egypte, en 1970 : " la chaleur du climat développe des clitoris énormes qui entraînent les porteuses à de véritables folies lubriques, les empêchent de faire pipi et forment plus tard un obstacle à l’accouchement. " C’est pour cela que le docteur Mohammed Hosni Korched, directeur général des hôpitaux au ministère de la Santé, conseillait l’opération pour " soulager les femmes et limiter leur appétit sexuel. "

" Les hommes de progrès et de liberté respectent aussi les libertés des femmes. Mais il y a peu d’hommes de liberté, bien sûr. Peu de femmes aussi. Partout, ceux qui ont un pouvoir sur d’autres êtres n’ont qu’un but : le conserver. (…) Les droits n’ont jamais été accordés, ils ont dû s’arracher un à un. "

" Et quand il s’agit des femmes qui peuvent cumuler tous ces handicaps, la situation devient inextricable, car les rapports passionnels qu’elles entretiennent avec les artisans, les bénéficiaires et presque les amoureux de leur oppression , viennent masquer et fausser tous les problèmes. Quand on appelle son chef " mon amour ", il est difficile de présenter un cahier de revendication. Et quand on dit à sa créature " je t’aime ", on croit lui avoir suffisamment rendu justice ! "

Considérons notre civilisation bourgeoise : " La fille n’est pas cousue, d’accord, mais on la voulait cachetée, sa valeur marchande dépendant d’une membrane fragile. (…) Dûment cachetée, il fallait en plus à la jeune fille une dot, nécessité sacro-sainte sans laquelle, encore une fois, quelle que fût sa valeur personnelle, elle devenait une laissée-pour-compte, sans espoir de mariage, c’est à dire de dignité.(…) Enfin quand, cachetée et dotée, elle accédait au mariage, elle devenait du même coup mineure à vie, privée de ses biens propres et de tout droit sur la gestion familiale. En justice pendant longtemps, le témoignage de 3 femmes ne valait pas celui de 2 hommes… "

Germaine Tillion, éthnologue : " Il n’existe nulle part un malheur étanche uniquement féminin, ni un avilissement qui blesse les filles sans éclabousser les pères, ou les mères sans atteindre les fils ".

Car, reprend Benoîte Groult : "  chaque entrave, chaque abus de pouvoir imposé à la femme entraînent leur punition pour l’homme et constituent une cause irréparable de retard pour la société. " Les femmes écrasées fabriquent des sous-hommes vaniteux et irresponsables et ensemble ils constituent les supports d’une société dont les unités augmentent en nombre et diminuent en qualité ". (Dominique Fernandez).

" Aimer un être, c’est tout simplement reconnaître qu’il existe autant que vous. " Cette très belle définition de Simone Weil ne s’applique pratiquement jamais à l’amour d’un homme pour une femme, pour leur plus grand malheur à tous les deux. "

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Commentaires
T
c'est que des mères puissent vouloir ça pour leurs filles et élever leurs fils dans cet état d'esprit...
S
J'aime beaucoup Benoîte et Flora Groult,leurs livres sont riches d'émotions...il va falloir que j'en reprenne quelques-uns.<br /> Comment ne pas songer à ce que vivent nos congénères à travers le monde et les époques...Que de souffrances inutiles...les traditions,je veux bien,mais les sociétés évoluent partout dans le monde...Cet archaïsme sur-développé me désole!
J
pas le même hauteur. mais heureux de constater que nous sommes dans le même état d'esprit
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